London Calling

Publié le 08 juillet 2020


Texte Apollinaire


• 29 janvier 2020 •

Hey, do you have a lighter ?

Ses mots couvraient à peine le bruit ambiant, ce bruit qui fait mal aux oreilles, l'usuel, des nightclubs. Pour celui-là, parisien.

Je me demandais ce que je faisais ici. Pourquoi avais-je eu l’idée saugrenue de sortir d’un coup tout seul ? Je dois bien admettre que germait depuis quelques mois dans mon esprit l’idée d’une belle rencontre. Idée de fond, toujours insaisissable puisque je ne m’y attache pas. Idée qui passait au gré des jours et tournoyait quelques heures plus tôt au sein de ma tête.

Assis dans le sanctuaire de Maya (l’illusion), observant tous ces gens dépenser leur argent et prétendre à ce qu’ils ne sont, je regrettais mon irrationnalité ou bien ma naïveté.
C’est dans la pénombre que je réalise que jouer ce jeu ne me plaît décidément pas, et prends conscience que j’y participe malgré moi, d’abord en me mentant, puis en répétant le schéma.
C’est dans la pénombre que ces regrets m’envahissent et que je constate qu’il n’y a rien ici pour moi.

Rien pour ce que je cherche, rien qui ne puisse me redonner foi. Et si tant est que j’essaie de ne pas laisser l’amertume guider mes pas, je me sentais trompé d’être assis là.

Toujours est-il qu’à ce moment, ses quelques mots ouvraient une porte que je me suis empressé de franchir.

Je la trouvais resplendissante.
Sinon pourquoi aurais-je pris le temps de discuter ?

Chez moi on dit que l’aura est nécessaire, même si elle ne s’auto-suffit pas.
Beauté et sensualité ne peuvent être étouffées, charme et prestance vivre en insuffisance.
Ce cocktail doit être parfaitement dosé, ni trop amer ni trop surfait.
Ce sont mes conditions, celles qui suscitent l’attrait de mon désir et me poussent à initier une connexion qui soit vraie, en conscience.

Elle était avec sa meilleure amie. Entouré d’elles, notre discussion fut quelque peu paradoxale, en décalage.
Proche des strass et paillettes, mortifiée par l'illusion dans laquelle nous étions alors en train de baigner, mais avec un bon fond de vérité.
Avec un peu plus de sensibilité, avec un peu moins d'animalité.
Plus chaleureuse, moins ténébreuse.

Il m’a semblé qu’elle venait d'ailleurs.

Sa meilleure amie était adorable et nous a laissé parler sans s’immiscer.
Mes regrets s’effaçant au fil des secondes, plié par la sincérité de son être, ont laissés place à un étrange sentiment d’exaltation et de joie.

Je n’étais pas certain de la revoir mais j’avais pris son numéro. Nous étions tombés d’accord.
A ce stade elle ne restait qu’une fille parmi tant d’autres. Je me méfie particulièrement de celles aux beaux discours, depuis que j’ai enchainé quelques déceptions, car ce sont souvent les plus tenaces d’égo.

Mais elle était douce et avenante. Après quelques messages le lendemain, on a convenu de se retrouver autour d'un verre dans la soirée.

Longue d'un mètre quatre-vingts, sa chevelure blonde éclatante et sa démarche reflétaient bien ses origines de l'est.
Ses yeux étaient d’un iris bleu-vert flamboyant, dégageant une pureté apaisante et chaleureuse, dévoilant à demi-mots une profondeur d’esprit rare.

Elle était rayonnante d'énergie, et, je le verrais plus tard, solaire.

J’ai pour habitude de fixer mon regard dans celui de la personne qui me fait face, bien que cela me lasse parfois. Dans son cas, je fus bien incapable de le détacher d'elle et n'ai eu cesse de plonger mes yeux dans les siens, comme pour mieux déchiffrer son âme.

Nous retrouvant dans des conditions plus normales, oserais-je dire saines, j’ai pu constater la vivacité de son esprit et sa nature réfléchie, mêlée à une âme enfantine, celles-là qui s’émerveillent de peu et de tout.

Sensé, intéressante et intéressée.
Elle n'essayait pas de comprendre, elle comprenait.
D’un commun accord nous avons rapidement abandonné l’insoutenable légèreté des discussions coutumières pour descendre sous terre.

Nous.

Façonnés par la même curiosité, vivant de la même intensité. Passionnés. Qui fut le plus étrange des deux ?

Après un verre, puis quelques errances nocturnes, on s’est finalement embrassé sous un lampadaire mal éclairant, jaugé par deux-trois sans abris, avant d'atterrir dans son hôtel quelques dizaines de minutes plus tard.

Allongés devant un film, on a continué d’échanger mots et salive, regards et caresses. Son sourire me transperçait le cœur ou bien l’esprit, peut-être les deux. Sans avoir à insister, j’ai bien senti qu’elle ne souhaitait pas coucher. Et à la vérité, ce choix m’a plu. Car ce que nous étions en train de vivre était suffisant. En brisant l’habituel, elle m’a permis de voir que j’étais là pour les bonnes raisons.

Dormir en se tenant dans les bras, dormir en s’écartant du sommeil parfois, au milieu de la nuit, pour mieux se rapprocher ou s’enlacer. Dormir puis sourire, au réveil, en sentant près de soi la chaleur tiède d’un corps encore en sommeil, empli de tendresse.

Elle débordait d’amour autant que d’affection. Sans attentes et sans retour, pas de déceptions à l’horizon. Deux êtres éloquents en conscience à travers corps, cœurs et âmes.

J’avais du travail mais je me suis délié de mes responsabilités pour la journée, pour mieux profiter de nos furtifs instants, éphémères, avant qu’elle ne rentre à Londres dans la soirée.

Quelques rayons de soleil nous ont éclairés pendant qu’on errait de nouveau dans les rues de Paris, certains de ce que nous tenions le bras ou la main, de l’un ou de l’autre, en rigolant et imaginant la vie des passants, en s’embrassant à chaque coin de rue après quelques sourires éclatants.

Sa spontanéité touchait mon cœur et je me suis amusé à déceler les qualités auxquelles je ne prête habituellement pas attention.
Ce qui m’a le plus étonné, je crois, fut la justesse de ses mots, dont certains relevaient d’une précision chirurgicale. Elle savait comment et pourquoi dire les choses, maniait les idées et les concepts avec délicatesse.

Il m’est difficile de coucher sur papier ce que j’ai ressenti et vécu, car curieusement cette rencontre était mystique par bien des aspects. Comme un appel à la vie, une ode à la foi.
Il me semble que le « true love » peut s’expérimenter sur une temporalité aussi courte que celle que nous avons partagé. Car il ne s’agit ici que de volupté, d’authenticité, de valeurs partagées.
Il ne s’agit que d’une connexion brute, sincère et honnête. Et alors mêmes que nous étions enflammés, nous demeurions tangibles et rationnels, hors de l’extrapolation.
Je n’exagère pas ni ne prête d’intentions ou de qualités imaginaires, je reste cantonné au constat et à l’observation.

Elle m’a présenté à un couple de retraités américains, croisés quelques années plus tôt au détour d’un café, qui étaient de passage à Paris également.

Puis nous sommes repartis, marchant un peu plus en silence, sachant que la fin était proche, conscients que les « au revoir » sont plus équivoques que les « adieux ». S’engouffrant dans les bouches du métro, je me rappelle les courants d’air glacials. Les témoignages d’affection se sont faits de plus en plus puissants, seuls au milieu de la foule, car plus nous avancions plus le glas retentissait à notre encontre.

Le dernier fut strident. J’ai mis plusieurs éternités à franchir cette porte, tentant de me soustraire à la réalité.

Sur le quai, c’est tout un être qui a senti les contractions d’un cœur, le sien, qu’il finit par vouloir arracher, fini par sentir une étincelle qu’il n’avait pas perçu depuis trop longtemps. Tout un être, qui n’a qu’envie de se fondre, qu’envie de figer l’instant; pour mieux s’y identifier, et quitter l’ombre, plutôt que de le voir s’échapper derrière les portes d’un métro désabusé.


• 08 février 2020 •

Nothing is, but what is not ?
Nommer le « rien », c’est déjà le faire devenir « quelque chose ».
Ce « quelque chose » n’existe pas initialement. C’est parce que nous le pensons ou le ressentons, qu’il existe. Nous le créons. Nous créons notre illusion, et prenons pour argent comptant la perception que nous en avons.
Mais ce qu’on perçoit, n’est finalement que le fruit d’une pensée, pensée qui agrège nos peurs et nos insécurités, nos espoirs et nos rêves, notre vision et notre être. Cela nous donne au moins le pouvoir de vivre un rêve ou un cauchemar.
De ce que j’en sais, c’est que l’amour des femmes n’existe que dans la poésie que je leur prête.

Je me sens mal d’avoir être trompé, par moi-même. Encore, et encore. Le schéma se répète, inlassablement. Le poids de ce plafond en verre sur les épaules, je continue intimement espérer le briser, le faire voler en éclats, pour mieux me tailler les veines et faire taire cette souffrance existentielle.

Rien n’est plus détestable pour soi que de répéter la même erreur, en conscience. Et si j’ai l’impression d’avoir évolué, je commence à comprendre que même la plus lumineuse des clartés finit par sombrer et s’enliser dans la sénescence des souvenirs. En d’autres termes, qu’il n’existe aucune issue pour moi, pour l’instant.

J’aimerais être prompt à ranger dans quelques petites cases les femmes, pour ce qu’elles me font ressentir. Sans nuances, seulement en tendances.

- Les oubliées : celles qui n’entrent pas dans mon scope. Que ce soit à cause de leur physique ou bien de leur personnalité, c’est le genre de femmes auxquelles on ne souhaite pas toucher. Les avoir en périphérie du regard procure le même effet qu’une douche à l’eau glacée. Inutile donc de s’attarder, mais est-ce utile de rappeler qu’elles représentent près de 95% des femmes ?

- Les normées, autrement appelées les 3S : classic Seduction, classic Sexe, classic Shit.
C’est un peu triste à dire, mais ce sont des femmes qui ne me motive pas. On n’a pas vraiment envie d’y aller, donc on se force, un peu. On se ment et on se dit qu'il y a certainement autre chose derrière cette première impression plutôt faible. Pas qu’elles soient moches, ou particulièrement connes - bien que ça arrive - on ne ressent juste rien. Leur compagnie n’est pas désagréable, mais on s’aperçoit souvent après avoir joui qu’on s’est laissé drivé par notre désir et qu’on en a, dans le fond, rien à faire ou plus envie.
Fréquemment, la fille se disqualifie d’elle-même à nos yeux, nous rendant plus tiède qu’on l’était déjà.
Finalement, on ne sait plus si ça vaut le coup ou pas.
« A quoi bon ? » est la question qui revient en boucle.
Quelques plaisirs de chairs, mais personne n'en sort vraiment gagnant. C'est triste.

- Les Mayades : l’illusion
Des profils très corrosifs, instables, bruts, intenses, passionnés, déchaînés, qui prennent aux tripes et retournent l’être d’une seule poigne. Des profils de femmes sensuelles, charmeuses, belles, féminines et disposées, qui canalisent toute leur énergie dans la sexualité et la volupté. Des profils de femmes identifiées à leur corps plus que de raison. Seul l’égo dicte leur voie. Elles n’aiment qu’elles seules, et sont bien les seules à s’aimer.
Je parle de ces femmes, qui allument un feu brûlant dans le cœur et laissent tout cramer, revenant de temps à autre déverser un peu d’essence dessus.
Si la femme était un produit stupéfiant, ce serait elles. Aussi puissante que l’héroïne. Aussi létale.
Je tombe accroc à la première dose, souhaitant ardemment mourir quand je nous sens jouir, et tombe en dépression le lendemain. Je me sens faible face à elles, car elles réveillent une sorte d’animalité incontrôlable et me renvoient à mes instincts les plus primitifs. J’ai envie de les démonter, sans contrefaçon. Ce sont mes femmes, les plus nocives, mais celles qui me font sentir vivant. Mon sel de vie. L’intensité est l’essence de Mayade. L’intensité et rien d’autre, « neither no futur nor love » tatoué sur le torse.

- Les évanescentes : mon cœur saute un battement à leur évocation. Je crois qu’on parle ici de mes plus grosses désillusions. Celles dont je suis responsable.
Les évanescentes sont les seules pour qui j’opère une cristallisation. L’action de tout ramener à elles, chaque détail, de tout sublimer par elles, chaque détail, les plaçant comme pièce manquante du puzzle, cette pièce qui permet d’apprécier la vie à sa juste valeur et transcende tout sur son chemin.

La cristallisation place l’autre en position d’interchangeabilité, car il ne s’agit pas de l’autre, mais uniquement de soi. L’autre n’est qu’un récipient, l’autre devient « quelque chose » alors qu’il n’est « rien ».

Quand j’en rencontre une, le scénario est identique : elle semble sur le papier parfaite, belle de cœur, de corps et d’esprit. Je pense avoir rencontré la femme de ma vie, comblant toutes exigences, ou à défaut, une personne qui me comprends et avec qui j’envisage de partager et construire.
Et je saute de joie à cette idée, parce que c’est tout ce que je recherche. Mais je me rends compte, rapidement, que je ne faisais que me mentir. Mon cœur se lasse vite, pour une ou pour l’autre raison, et je comprends que je me suis emballé, que j’ai projeté une image, que ce n’était pas de l’amour et que j’ai simplement tenté d’instrumentaliser la fille en face de moi pour coller à mes envies et mes attentes. Je plaque toute la puissance de mon désir sur elle. Et cette énorme réserve de désir qui m’habite, que je projette sur elle, n’est qu’un rapport avec moi-même qui m’empêche de me donner l’occasion de découvrir la fille en face comme elle est réellement.

Alors je suis bien incapable de l’accepter telle qu’elle est : car nous sommes toujours différents, et mon intolérance me désintéresse.

Le temps finit par révéler la vérité, et le miroir finit par se briser.
Quand le miroir se brise, la fascination prend fin.

Ce qui nous ramène à ma Londonienne. Evanescente.

Elle est venue me chercher à la gare, un peu en retard, un peu stressée par le travail.

Je me suis senti si plein et si vide durant ces 3 jours. Oppressé par le réel. Face à moi-même et mes mensonges. (Dés)amour fondé sur de fausses idées.

Elle m’a fait découvrir la ville, rencontrer ses amis, m’a emmené dans ses endroits préférés. On a simplement partagé du temps et appris à se connaître plus profondément sur le creux de l’oreiller. En bien des aspects nous sommes identiques : par la passion qui nous anime, par la fascination qu’on peut éprouver.
« Il suffit d’une seconde à une femme pour savoir si elle peut aimer, et une autre pour savoir si elle envisage un futur avec l’être aimé ».

Mais c’est dans un bar, avec ses amis, que la dissociation s’est opérée. J’ai compris que j’étais dans le faux.
Être ici sans être là.
Je sentais tout mon être plier et s’écraser sur les récifs de la vérité, le sang pour preuve de réalité.
Sa solarité et sa spontanéité m’amenaient parfois à ressentir une pointe de jalousie : « you never smile on pictures ! »
Elle me fait penser à l’ambivalence des romans de Kundera : entre la légèreté et la lourdeur. Et je me sens si lourd, si marqué que je n’arrive pas à saisir comment elle peut flotter avec tant d’aisance dans la vie.

J’ai perçu notre décalage, l’absence de complicité que j’imaginais. In fine, je ne ressentais plus rien de particulier. C’est ce qui m’a dérangé, car je souhaitais violemment éprouver toutes les vibrations de mon être. Et même sans saveur, ce fruit a rendu toutes les autres fades.

Faisant face à ma condition de mortel, je commence seulement à réaliser mon profil atypique, exigeant, insoluble. Ma recherche de l’absolu, du jackpot, du 5 étoiles. Je réalise qu’errant, même la tête dans le caniveau, mes cris étouffés par la densité du liquide qui l’enveloppe, je continue de pointer du doigt cet absolu, et de le désirer intensément, pourtant qu’il soit si loin.

Je suis sauvage. Difficile à approcher, difficile à délivrer. Me lire prends du temps, trop pour qu’elles en aient l’occasion.

Cependant, même si je vis les choses de manière forte, organique, hormonale, à même le sol, même si je suis pris dans l’histoire et cours tellement vite dans ce rêve que je finis par m’essouffler, je me place aussi comme observateur de la situation. Je regarde, depuis ma tour d’ivoire, le film qui se déroule. Je vis en conscience, tout en le cachant.

Et les paroles de Lorenzo résonnent sans cesse dans ma tête : « La main qui a soulevé une fois le voile de la vérité ne peut plus le laisser retomber ; elle reste immobile jusqu’à la mort, tenant toujours ce voile terrible, et l’élevant de plus en plus au-dessus de la tête de l’homme, jusqu’à ce que l’ange du sommeil éternel lui bouche les yeux. »

Cette intensité est-elle une nécessité ? Que puis-je faire, face à un caractère si capricieux et passionné, si exigeant et détourné, qu’il me mène à ma propre perte ? Prendre à même le corps cette tromperie, et rester assis dans les rayons de la lucidité ?
Car jusqu’à lors, je n’ai fait que fonder mon amour sur des idées fausses. Je n’ai fait qu’aimer à travers filtres et opacité. Je n’ai été que tourné vers moi, pourtant convaincu du contraire.
Je crois que vivre un amour vrai et réel, n’est plus tellement se préoccuper de soi, plus tellement chercher à tout prix à ressentir certaines sensations ou à s’enflammer.
Car le feu qui habite, se consume vite, et derrière lui apparaissent les cendres.
Je veux parler avec ces cendres, et y élever une cathédrale.
Car l’intention qu’on place au cœur du processus donne sa substance à la chose elle-même, et fonde son essence.
Et si ce « rien » devient « quelque chose », alors il serait amour.


• 25 février 2020 •

Les jours défilent dans une étrange procession, me dévoilant un peu plus à chaque lever de soleil que Miss London n’est pas équipée pour ma « noirceur ».
Bien que j’incarne la lourdeur que décrit Kundera, que je ne sois ni solaire ni rayonnant, je m’astreins autant que faire se peut à retenir mes émotions négatives et à ne pas les vomir sur la première venue. Je fais taire et renvoie au linceul ces affres douloureux, alors même qu’elles me constituent.

Malgré moi, elles finissent toujours par refaire surface, tôt ou tard.
Alors parfois je les laisses vagabonder quelques instants près de l’Autre, ici Miss London.

J’ai fini par réaliser qu’elle ne s'intéresse pas vraiment à ce que je suis. Elle se projette et vit dans la fascination. Ce n’est pas de l'amour, c'est de la transaction commerciale : « ça j'aime bien », « ça j'aime pas ».
Maintenir son rêve est essentiel pour elle. Continuer de se raconter une belle histoire à notre égard également. Elle ne cherche pas à comprendre ce qui me constitue, ne cherche pas à plonger au fond de moi et à interroger : « pourquoi ? »

Plus je me suis ouvert à elle ; lui témoignant des pensées intimistes, lui donnant l'opportunité de saisir un peu mieux les grains de mon être ; plus le canot de son amour (volatile) s’est brisé contre les récifs de la vie. Pour conserver ses représentations, elle a fuit le réel : en silence.
Je la sens qui s’éloigne, car cette image est dérangeante pour elle et annihile le miroir de sa fascination. Car cette vérité, elle ne peut l’asséner à son statut d’enfant licorne : elle n’est pas dans légèreté en conscience, elle est dans l’insouciance. Elle veut du beau, du fun, mais pas de querelles ou de nœuds au cerveau. Elle ne souhaite pas dealer avec mon être et préfère les beaux jours. Elle s’accommode de sa superficialité et y réside, remplit le vide par le futile, ne sachant quitter sa position sans bouleverser son équilibre. Sans jugements.

Une fille faite pour moi doit être une femme qui m'apprécie tel que je suis, sans pour autant adhérer à mon côté sombre; mais sois capable de le respecter, de le voir et l'apprécier pour ce qu'il est.

De mon côté, j’ai embrassé Miss London en entier et l’ai accepté comme elle est : sa légèreté, son insouciance, ses peurs et ses problèmes, son packaging (intrinsèque aux femmes), ses incohérences, ses différences d'éducation, etc. En l’espace d’un mois, j’ai pu en apprendre suffisamment sur elle pour la dessiner et j’ai accueilli son être en répondant présent. Chose qu'elle n'a pas su faire, même si elle s'est classé au dessus de toutes mes prétendantes.

C'est un sujet récurrent ces derniers temps, mais je suis vraiment en train de basculer dans ma tête.
Je ne peux pas me résigner à ce faux amour de concupiscence.
Je perds confiance en la femme et en moi-même.
J'ai envie de bâtir en conscience mais je ne trouve pas.
La répétition du schéma et ce sentiment d’incompréhension qui résonnent sans cesse ne font qu'alourdir chaque fois un peu plus ce fardeau de solitude. Je ne suis pas isolé, je me sens juste seul et contrarié dans ma volonté de connecter. L’Autre n’est jamais vraiment la pour moi et ne vit que dans un rapport à soi. Et bien que je sois imparfait et dispose de mes défauts, je tente au moins de me corriger, d'observer, de rester en conscience.

Alors que me reste-il à trouver chez la femme ? Des moments inachevés à conserver dans un écrin de soie, des caresses et quelques passions ardentes au clair de lune, et parfois une lueur d’espoir qui sera sitôt désillusionné.

Quant à Miss London, elle finira par se détourner totalement de moi, tôt ou tard. Parce qu’elle est dans la fascination, parce qu’elle a fondé son ‘amour’ sur de fausses idées, parce qu’elle n’est pas en conscience, et enfin parce qu’elle n’est pas en capacité de faire face au poids du réel.

Je ne lui en veux pas d’être ce qu’elle est en capacité d’être. Mais pour être honnête, l’amertume et la lassitude enivrent mon cœur, alors il me semble que je dois pardonner, car le pardon libère des conséquences de l’acte à la fois celui qui pardonne et celui qui est pardonné. (Hannah Arendt)


• 10 mars 2020 •

Elle : I really think u are wasting ur time and should just get a job this is really not helping you
None of the stuff ur doing now

Moi : Yeah, I should just get a job. Where ? Macdonald ?
Tell me, guide me, please goddess

Miss London a précipité la fin de notre 'relation' à partir de cette étincelle en déballant tout son bullshit sur un coup de tête. Elle avait déjà eu quelques attitudes déplacées mais cette fois-ci elle s'est bien occupée de me rabaisser et de m'insulter sur mes choix de vie et qui j'étais, tout autant que sur combien j'étais insuffisant pour elle. Un pur étalage égoïste visant à rasséréner son esprit après qu'elle se soit rendue compte au fil du temps que j'étais pas assez corporate pour elle et que me découvrir causait l'évaporation de sa fascination à mon égard. Le miroir brisé, l'amour s'évanouit et la vérité est révélée.

Elle s'est excusée dans la foulée - 2 heures après - en me disant que les planètes étaient pas alignées et qu'elle avait eu une mauvaise journée.

Malheureusement, non.

Elle ne m'a pas laissé le choix. J'ai la capacité de hocher la tête et passer outre parce que dans le fond j'en ai rien à foutre, mais là je devais poser mes limites et me respecter, dire stop. Une fille comme ça n'a rien à faire dans ma vie, donc je l'en ai sorti instantanément après lui avoir écrit un dernier message :

Miss,
You overstepped the limits.
I don't understand why you spread all your "bullshit" like that. It's out of nowhere, full of judgments, misplaced and above all it's wrong. You have the right to think what you want but I don't agree with you.
I don't work like that and I can’t pretend my heart isn’t tired to deal with people who aren’t altruistic and haven’t nobility of mind or kindness. For a while, I tried to understand them, I gave my time and energy, and I’ve been indulgent. But now I prefer to stand alone than to be accompanied by wrong people. I have accepted that I can’t save people from themselves.
And if you are likely to do this even though we don't really know each other, I can't imagine what are you might in a relationship or something who emotionally involved you more.
If I wanted to be mean, I’d say that you only care about yourself and you just like people when they allow you to live a great story.
But I don’t want to waste my time proving why you’re wrong or trying to explain who I am.
Thank you for everything, I leave you without rancour or resentments.
The tragedy is to separate again on an impossibility of being understood by the other.
Wish you the best.

Je lève l'ancre en laissant la marée m'emporter, en regardant les récifs s'estomper, au loin. Pirate reprend la mer, sans amertume ni regrets.