Uber nocturne
Te souviens-tu cette chaleur enivrante qui nous a enveloppé quand nous nous sommes engouffrés à l’arrière de cette voiture ? J’avais fermé la porte un peu trop vivement, faisant voler en éclats l’illusion de la soirée que nous venions de quitter.
La pénombre me rappelle que ce que j’aime chez toi, c’est ta présence. Elle me rassure et à ton contact les représentations s’effacent. Tu es la seule qui sache ce qui se cache derrière le reflet de mes yeux, et accepte la nudité de mes plus sombres noirceurs.
Ce soir-là, nous étions bien alcoolisés, pour célébrer l’oubli des corps qu’on s’était attribué. Entre chaque rencontre, les saisons défilent, et c’est souvent ces jours étranges qu’on quitte nos exils.
Dans ce voyage au bout de la nuit, chacun notre tour on a évoqué nos amours, ceux du moment, ceux qui sombrent inexorablement, amours évanescents, dans les tréfonds, et nous rappellent à quel point on se ment.
Pendant que nous déambulions à travers les boulevards, dans la sombre clarté des lampadaires m’est revenue cette impression, celle de ne pouvoir t’offrir ce que tu méritais ou désirais ; puisque le mien de désir, s’effritait. Puis, je sentais bien que je te freinais dans la rencontre de celui qui te satisferait, puisque tu n’aurais cesse de les comparer, à moi qui suis pourtant imparfait.
Et si des amantes je tombe amoureux, tu es pourtant la seule qui me donne, la seule dont le cœur n’est pas creux. J’ai bien conscience de te blesser, quand parfois un mur se dresse devant notre réciprocité. Mais fière, véritable femme d’affaires, tu ne laisses jamais échapper tes faiblesses. C’est à demi-mots, derrière le voile de nos songes, que ton âme délivre ses plus profonds secrets.
Des mots, il en faudrait pour décrire cette relation si poétique. Quand je pense à toi, je pense à celle que je pourrais supporter jusque des jours séniles. Quand je pense au futur, tu te tiens toujours là, près de moi. Que puis-je dire de plus, sinon que je suis toujours pris de joie quand je te vois ?