L'amour
Qui d'autres, sinon Gainsbourg, pour parler de cela. D'amour à désamour, par moult détails.
Histoires d'interprétations, de constructions. Conclusions hâtives, erronées, multiples et si peu limpides.
Et si complexe est l'amour, pourtant si simple. Si exubérant, pourtant si pur.
L'histoire s'écrit, les pages se tournent. Toutes vierges se remplissent, et délivrent leur saveur.
Juvénal observait panem et circenses chez le peuple, j'y vois plutôt femmes et vins; le sel de la vie.
Il me semble, que l'amour est un domaine qui s'expérimente plus qu'il ne s'intellectualise.
Aux premiers cris, nous trouvons la chaleur réconfortante, des bras d'une mère. Elle sera la seule personne à nous aimer plus qu'elle ne s'aime elle-même. Jamais femme ne nous donnera l'amour qu'elle nous a donné, et nous serons pourtant condamnés à le chercher. Une quête vaine mais pas si vide de sens. Inévitablement, rien ne sera plus jamais comme avant. Cette plaie béante ne pourra jamais se refermer. C'est ce que je pense.
D'enfance jusqu'aujourd'hui, nous sommes abreuvés de conceptions, erronées, si romantiques et fatalistes, de l'amour.
De Disney à films, de littératures à confessions, la société nous inculque une utopie. A la retrouver, nous avons erré. A la retrouver, nous errerons. Parce qu'il ne suffit pas d'intellectualiser. L'amour nous prend et pourtant s'explique. La passion s'anime et pourtant prends source. Les étreintes se font, pendant qu'esprits s'envolent. Brasier ardent, des va-et-vient lancinants, jusqu'à jouissance.
Jouir sacralise toute cette connexion. Je ne parle pas d'une baise involontaire ou sans convictions. Plutôt de celle qui nous éprends, dans laquelle chaque partenaire connecte âme à travers chair, et exprime tout l'amour qui le transperce. Dans laquelle chacun prends plaisir et trouve sens, trouve goût, jusqu'à s'interroger : notre présence sur Terre.
Mais bien souvent, face à l'illusion de Maya, nous sommes déboussolés. Le plaisir de la chair l'emporte sur l'âme. Pourtant si vide est ce plaisir, quand l'âme n'est pas connectée. Que vaut jouissance quand les âmes sont déphasées ?
Amertumes et regrets.
Je ne veux plus jouir sans convictions. A 100 filles peuvent valoir une seule. A 100 histoires peuvent égaler une seule. Faire du chiffre est affaire d'égo ou d'hormones. Faire de la qualité aspire à paix de l'âme et tranquillité de l'esprit.
Ni bien ni mal, osciller est affaire d'équilibre. Penser à soi est important. Aimer l'autre implique de s'aimer soi-même. Celui qui ne sait fondamentalement pas pourquoi il agit, est perdu. Se fait du mal. Sans nécessairement le savoir. Erre, tout simplement.
Mais il serait réducteur de considérer jouissance comme apothéose de l'amour.
Car l'amour vécu, est affaire de pouvoir. On se remet à l'autre, avec intentions. L'égoïsme s'exprime et puis s'estompe, ou reste consistant et mène à la perte. Aimer est affaire de pouvoir.
D'un mot ou d'un geste, nous attendons : réciprocité, retour de l'autre. S'ouvrir est à la fois donner et prendre. Toucher l'autre, se laisser toucher. Dans l'intimité, faire offrandes de ses pensées.
Remettre son corps à l'autre, et espérer qu'il en prenne soin.
Il me semble qu'amour se construit, à travers jeux. Qu'il circule librement, d'un être à l'autre. Avec ou sans fluidité, ni simple ni complexe, affaire de 2 êtres. Irrémédiablement lié à souffrance. Sans cela, rien ne se sentirait. L'un n'existe pas sans l'autre, comme yin et yang. Oscille, encore une fois. En équilibre, à perpétuité.
J'ai vécu l'amour, souvent empoisonné, et j'en suis heureux. La douceur d'un regard m'apaise plus que volupté d'une déesse. Un instant partagé, est porteur d'espoir. Un sourire qui se dessine, m'embellit. J'ai donné du mal, et j'en ai reçu. J'ai donné du bien, et j'en ai trouvé.
J'ai perdu l'amour et j'en suis triste. Si loin il est, que je ne le ressens plus, envers l'autre. Seul face au miroir, je sais dire je t'aime. Face à l'autre, je ne veux plus, construire.
J'ai perdu naïveté et innocence, troquées par expérience et connaissance. J'espère encore, mais je suis désillusionné. Même quand une fille me touche au cœur, je ne ressens plus ce que je ressentais plus jeune. Petite fleur a fané. L'excitation a laissé place à la clairvoyance. Passion au cynisme. Dans la patience, puis l'impatience, je réalise que nous sommes condamnés à errer seul. A construire, déconstruire, encore et encore. Tirer quelques plaisirs quand il est temps.
J'attends cette femme qui me retournera la tête et qui me laissera sur le carreau, en sachant qu'elle ne viendra surement jamais. L'univers me rappelle peut-être que je ne suis simplement pas prêt.
Pourtant, je ne me sens plus honteux d'être qui je suis, même si pas totalement en paix avec moi-même. Je ne cherche plus de réconfort, je le trouve en moi. Mais le temps passe et m'effraie. Si courte est la vie, qu'elle file entre mes doigts.
Boire ou méditer, rien n'y fait. Seul reste la rage d'un avenir plus radieux. D'une étreinte, plus harmonieuse.
Quelqu'un qui s'émerveille d'un rayon de soleil, a peut-être plus compris la vie que moi. Quelqu'un qui sourit sans raison, a beaucoup à m'apprendre. Face au plus fou, je le suis tout autant, sans le savoir.